Flyin’ Saucers
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST



Note : Cette interview a été réalisée en compagnie de Fabio Izquierdo (chanteur, harmoniciste, accordéoniste et joueur de rubboard des Flyin’ Saucers). Fabrice Joussot (alias «FJ Flower», guitariste et chanteur du groupe) intervient, comme précisé, sur une des réponses de l’entretien qui suit.

Fabio, pour commencer, peux-tu me présenter les autres musiciens qui constituent le groupe Flyin’ Saucers ?
Il y a Jean-Charles Duchein à la basse et au chant, Cédric le Goff au piano, à l’orgue et au chant, Fabrice Joussot à la guitare et au chant et Stéphane Stanger à la batterie.



Avant de vous rencontrer, vous produisiez-vous déjà dans des formations de blues ?
Oui, Jean-Charles jouait avec Nico Wayne Toussaint et Lenny Lafargue. Cédric (également collaborateur du groupe Malted Milk) et Stéphane jouaient avec Zeb Heintz (avant que celui-ci ne travaille avec les Doo The Doo) sous l’appellation Zeb and The Blues Machine. Fabrice s’est produit, entre autres, avec le chanteur australien Wayne Law et a monté son propre projet, un duo nommé FJ Flower.

Peux-tu revenir sur la genèse du groupe ?
Le groupe s’est monté fin 1997, avec l’idée de travailler dans le répertoire qui est le notre actuellement. J’en suis, en fait, le dernier membre original. Petit à petit il y a eu des changements, des modifications…
L’équipe actuelle est la plus stable puisque le dernier venu est Fabrice, qui nous a rejoints en 2006.

Pourquoi votre choix de répertoire s’est-il spécifiquement orienté vers la musique de la Nouvelle-Orléans (et de la Louisiane en général) ?
Déjà parce que nous aimons cela, c’est le motif principal !
Quand nous avons fondé ce groupe, nous étions les premiers à aborder tous les styles issus de la Cité du Croissant (surnom donné à la ville de la Nouvelle-Orléans en raison de sa forme proche de la célèbre viennoiserie, Nda) de cette manière. Nous puisions aussi bien dans le rock’n’roll de Louisiane que dans un funk plus moderne ou encore du cajun et du zydeco. Nous ne faisons pas que ça mais 80 à 90% de notre répertoire est axé là-dessus. A l’époque, personne n’interprétait aussi bien du Earl King que du Huey Smith ou que du Clifton Chenier…

Justement, peux-tu évoquer les grandes influences du groupe ?
Nous avons vraiment fouillé dans le creuset musical de la Louisiane, il n’y a pas vraiment d’artistes en particulier. Il s’agit d’un état d’esprit, nous essayons de jouer à la fois «propre et sale» et de nous inspirer de musiques festives.

Etant très inspirés par la musique émanant de Louisiane, avez-vous déjà eux
l’occasion de vous y rendre afin de vous imprégner de l’ambiance locale ?

Non, le seul qui y est allé est Fabrice qui va mieux t’en parler que moi…
(Fabrice prend la parole) :
Fabrice Joussot : « Il s’agissait de vacances touristiques, je voulais voir des Clubs de blues et j’ai vraiment galéré pour en trouver dans le Mississippi. Par contre, en passant 2 jours en Louisiane, j’ai cru y avoir vécu 2 mois entiers puisque j’ai pu y rencontrer un nombre incalculable de musiciens. Ceux qui parlent français avaient immédiatement le réflexe de m’inviter et de me faire partager leur vie. Il faudrait que j’y retourne afin d’y passer plus de temps. C’est une culture à préserver ! ».

Vous vous êtes forgés une solide réputation de baking band en accompagnant de nombreux artistes américains lors de tournées européennes. Est-ce que tu peux revenir sur ces différentes collaborations ?
C’est quelque chose que nous n’avons pas fait depuis très longtemps. C’était très épisodique mais je crois, qu’à chaque fois, nous avons bien marqué le coup. Nous avons beaucoup travaillé avec Paul Orta que je dois connaître depuis 1993 ou 1994. Il a d’ailleurs collaboré à notre troisième album…

N’ayant pas de groupe attitré, il changeait d’accompagnateurs en fonction des disponibilités de ceux-ci.
Nous avons aussi joué avec Bill Hurley (du groupe The Inmates), ça reste une expérience superbe bien que très ponctuelle. Cependant, à nos yeux, la plus belle tournée reste celle effectuée avec Amos Garrett. Nous nous sommes régalés, ce gars est d’acier… c’est un doux rêveur. En plus c’est un putain de guitariste et un chanteur comme on en voit rarement.

Nous étions très contents de faire cela car nous restions un peu sur notre faim concernant certaines de ses productions discographiques, que nous ne jugions pas à la hauteur de l’artiste. Nous lui avons amené un son moins typé et moins moderne. C’était, pour lui, une sorte de retour aux sources avec des plans très néo-orléanais. Il a joué le jeu et nous a laissé l’opportunité de nous exprimer en tant que groupe. Il nous accompagnait sur nos morceaux et sur les siens, il a tenu à ce que nous gardions notre touche personnelle. C’était superbe…

J’ai eu l’occasion de recevoir Amos dans l’émission. C’est quelqu’un dont l’esprit foisonne d’anecdotes, je pense que vous avez dû en vivre quelques unes à ses côtés…

Oui c’est trop énorme !
Ce mec à une carrière incroyable, je crois qu’il a participé à 200 ou 250 sessions différentes (avec Emmylou Harris, Bonnie Raitt, Maria Muldaur, Todd Rudgren etc…) dont certaines, qui ont été perdues, avec Stevie Wonder. Cet artiste a une carrière de «malade», pour nous c’était un vrai bonheur de tourner avec lui.

Quels sont les enseignements que vous avez tirés de ces différentes collaborations ?
Il faudrait que j’y pense à tête reposée…
Avec Bill ça a été le côté scénique qui nous a le plus marqués, c’est un vrai showman.

Avec Amos ça a été une certaine «décontraction» et avec Paul ça a été le fait de toujours devoir être à l’affût de tout ce qui se passait. Il nous faisait une telle confiance que, parfois, il nous faisait jouer des trucs que nous ne connaissions pas. Il ne faisait aucun signe, il savait que nous allions y arriver… c’était «démerdez vous» !
Ce mec ne donne aucune indication sur scène, c’est «rendez-vous au tas de sable» ou «marche ou crève». Cela reste aussi une superbe expérience !

Votre univers ne se limite pas à la musique, on sent que vous aimez véhiculer une certaine culture propre à la Louisiane ?
A partir du moment où on fait des disques et des concerts qui s’inspirent de ces musiques, nous essayons de transmettre une ambiance sur nos pochettes de disques. Il est important pour nous de trouver des visuels qui permettent, du premier coup d’œil, d’identifier ce que l’on peut faire musicalement. C’est une forme de «packaging-marketing» mais ça nous plait bien tous ces trucs un peu kitch (rires).

Votre répertoire s’étend de plus en plus vers des compositions originales. Qu’évoquent elles en général ?
Nos sujets sont très simples et véhiculent, essentiellement, des idées de fête. Fabrice a davantage écrit sur des choses personnelles…

Peux-tu me parler de la discographie du groupe ?
Les maîtres mots de notre premier album étaient «enregistrons vite quelque chose afin de pouvoir tourner». J’arrivais d’un groupe qui venait de splitter et donc j’avais de nombreux contacts pour la scène même si, au départ, je voulais faire un break musical. Ces gens aimaient mon précédent combo et voulaient savoir à quoi ressemblait la musique des Flyin’ Saucers. Notre premier disque «Blues Attack», entièrement constitué de reprises, a été enregistré en une seule journée et en DAT stéréo. Grâce à lui nous avons, dès la première année, fait 80 à 90 dates…



Notre deuxième CD était un live enregistré en 1999 au Cognac Blues Passions, à l’époque où les afters se passaient au West Rock.
Nous avons donné une couleur plus «française» à notre troisième opus, le résultat était plus ou moins heureux. Des gens aimaient… d’autres moins et, de ce fait, nous avons laissé tomber la chose. Il était difficile d’aller plus loin en français dans cette voie là. Ensuite nous avons eu des soucis de guitariste puisque Anthony Stelmaszack, avec qui nous tournions, ne pouvait plus assurer tous ses engagements. De plus il pensait avoir fait le tour de notre musique et voulait se diriger vers des projets plus personnels. Il travaillait beaucoup avec le pianiste Julien Brunetaud et nous devions régulièrement lui trouver un remplaçant.
Au bout d’un moment ses remplaçants nous accompagnaient plus souvent que lui, donc nous avons dû arrêter de travailler ensemble. Des rumeurs disaient que le groupe allait se séparer, donc il a rapidement fallut trouver un autre guitariste. Après plusieurs expériences malheureuses, un batteur réputé dans le milieu, Fabrice Bessouat, nous a recommandé Fabrice Joussot.

Après 2 concerts sans répétitions, nous avons décidé de le convier à l’enregistrement d’un nouvel album. Du coup notre avant dernier album était aussi intégralement constitué de reprises. Des titres qui fonctionnaient bien auprès des spectateurs et que ceux-ci voulaient retrouver sur un CD.
Notre nouveau disque «Crawfish Groove» est constitué de compositions originales. Cela a été un travail de longue haleine puisque qu’il y a eu plus d’un an d’écriture. Nous nous sommes donnés les moyens en testant les morceaux sur scène, en faisant des résidences, des pré-prods etc…
Nous voulions un studio dans lequel on se sente bien et qui soit équipé selon nos désirs, avec de bons techniciens !

Le fait d’être programmé au Cognac Blues Passions cette année (le groupe déjà prévu en 2009 n’avait pu honorer l‘engagement) nous a permis d’accélérer les choses et de nous pencher à 100% sur ce disque.
C’est vraiment à partir de juillet 2009 que nous avons mis les «watts» en bloquant une période d’enregistrement. Le disque est sorti une vingtaine de jours avant la présente édition du Cognac Blues Passions.

Travailliez-vous ensemble sur les compositions ou séparément en vous réunissant de temps en temps ?
Nous avons deux manières de travailler nos compositions. Soit l’un de nous arrive avec un morceau «clé en main» (paroles, musique, arrangement). Soit avec ou une idée de base, ou un texte, ou un riff et ça devient un travail collectif. Même pour les morceaux qui ne sont signés que par l’un d’entre nous, il y a toujours une collaboration des uns et des autres.

Nous fonctionnons de manière très démocratique. Chose que l’on nous reprochait à l’époque en nous disant qu’il fallait forcément un leader et que tout le monde se mette au service de celui-ci. Chez nous chacun doit apporter de l’eau au moulin. C’est très intéressant de travailler comme cela. Il y a trois chanteurs parmi nous et il nous semble important que chacun d’entre eux soit responsable du titre qu’il va chanter ou de l’idée qu’il va amener. Cela nécessite un minimum de rigueur et oblige tout le monde à s’investir. C’est une très bonne chose… chacun est impliqué, au maximum, dans le projet !

Tu évoquais, tout à l’heure, la fréquence de vos concerts. Avez-vous déjà eu l’occasion de vous exporter sous votre propre nom et de visiter des scènes étrangères ?

A une époque nous avons pas mal bossé en Espagne. Nous avons également tourné au Luxembourg, en Belgique, Italie, Suisse… Cependant c’était, le plus souvent, dans le cadre de tournées avec Paul Orta ou Amos Garrett.

2010 marque un tournant dans l’existence du groupe puisque, outre ce nouvel album, Cognac Blues Passions vous offre la «gérance» pour 4 nuits successives (à partir de 01h00 du matin jusqu’à l’aube) du Blues des Anges. Vous vous y produirez et vous y inviterez d’autres artistes pour des jams sessions. Qu’attendez-vous d’une telle expérience ?
C’est une exposition assez exceptionnelle. Le simple fait de participer à ce Festival est déjà une grosse chance de rencontrer tous les professionnels du circuit. Le bouche à oreille est assuré…
De plus Le Blues des Anges est l’endroit qui réunit les artistes et les gens qui travaillent sur la manifestation ainsi que la presse, les programmateurs etc… Tous y terminent leurs nuits…

Nous en profiterons afin de présenter notre nouveau répertoire, tout en donnant à chacun des shows un aspect original et différent du précédent. C’est formidable de pouvoir toucher autant de gens en si peu de temps et de pouvoir montrer ce qu’est devenu le groupe.
Nous ne voulons plus nous épuiser à faire de la date pour la date (d’autant plus que le groupe est très «éclaté» géographiquement avec des membres qui vivent entre la Bretagne, Toulouse et Bordeaux) et, de ce fait, nous essayons de privilégier les concerts incontournables et essentiels. Nous attendons beaucoup de cette expérience…

Je vous ai observé répéter cet après-midi. C’est assez intensif, combien de morceaux différents travaillez-vous pour ces 4 nuits ?

Nous avons constitué un répertoire qui doit contenir 50 à 60 chansons différentes. Cela nous permet de varier les plaisirs d’un concert à l’autre. Nous n’avons pas l’impression de faire de la routine et nous nous adaptons à chaque public. La veille de notre départ pour Cognac, nous avons travaillé 25 morceaux afin de pouvoir posséder une bonne capacité d’adaptation pour accompagner nos invités… qui auront tous des sensibilités très différentes. C’est une chose exceptionnelle pour nous qui ne répétons quasiment jamais.

Quels sont vos projets ?
Avec ce disque nous ne cherchons pas spécialement un label ou un distributeur. S’il y en a un qui est intéressé tant mieux ; mais ce n’est pas une fin en soit. Nous aimons faire des disques, nous avons des choses à dire… Cependant, pour nous, l’album est un outil de travail qui nous permet avant tout de faire de la scène. C’est là que nous aimons être et que nous aimons faire des trucs. Si la scène nous permet de vendre des disques c’est tant mieux, d’autant plus que ce CD nous ressemble vraiment !

Je me suis mis à l’accordéon diatonique pour ce dernier, cela nous permet d’explorer de nouveaux horizons sonores et d’enrichir notre univers musical.
Dans le futur nous allons continuer à «creuser» cela afin d’apporter de nouvelles couleurs à notre palette. «Crawfish Groove» est la photographie exacte du répertoire du groupe. Ceci dit ce n’est qu’un album, sur scène c’est plus rock’n’roll voire punk dans l’esprit.

A ce jour, quel est votre plus grand souvenir scénique ?

C’est difficile à dire, je dois avoir une dizaine de «plans» qui restent gravés dans ma tête…
Nous gardons un grand souvenir de notre passage au Festival d’Ecaussinnes en Belgique, ainsi que de notre prestation au Rallye Blues au Luxembourg et d’un concert à feu le Cricketers à Bordeaux.
Il nous arrive parfois de signer afin de jouer dans des petits endroits miteux, juste parce que c’est sur la route entre deux dates plus importantes. Paradoxalement c’est souvent dans ce genre d’endroits que c’est le plus rock’n’roll et qu’on s’éclate le plus !

L’important est que le public soit chaud et qu’il participe au concert !
Si ça ne réagit pas devant nous ce n’est pas un bon signe, ça peut dire que nous ne sommes pas à la hauteur. Il n’y a pas mieux que des spectateurs qui sourient et qui font la fête ! Un concert est une grande cérémonie durant laquelle les gens doivent rentrer en osmose avec le groupe…

As-tu une conclusion à ajouter ?
Avec notre répertoire et l’état d’esprit avec lequel nous avons envie de le véhiculer, nous pouvons dire que…. Vive le rock’n’roll (rires) !!!

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Interview réalisée
Cognac Blues Passions
le 29 juillet 2010

Propos recueillis
par David BAERST

En exclusivité !

 

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